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Numéro 23 - rive militante - décembre 2012

Halimata So, chargée de mission au GRDR

Mosaïque associative

rive militante de décembre 2012

Halimata So, titulaire d’un Master 2 en Management de l’insertion par l’économie sociale et solidaire, Université de Marne la Vallée (Seine et Marne), chargée de mission du Programme de renforcement et de valorisation des initiatives féminines au GRDR (1)

Mosaïque associative

Les femmes migrantes d’origine subsaharienne ont intégré la société française sans forcément connaître les subtilités du pays. Elles sont arrivées dans le milieu des années 70 dans une logique de regroupement familial.

Elles endossent  le rôle de pilier familial, soutenant maris et enfants, après avoir appris à maîtriser les codes. Le profil des femmes migrantes accueillies dans les années 70 et celles de nos jours est différent, il y a une transformation des migrations féminines. A l’origine, elles étaient issues du milieu rural, notamment du bassin du fleuve Sénégal (Mali, Mauritanie, Sénégal). La majorité d’entre elles viennent désormais des périphéries urbaines des capitales africaines (Congo, Cameroun, Côte d’Ivoire…). Elles sont nettement plus diplômées que leurs aînées, souvent peu ou pas lettrées.

Cette observation est confirmée par l’enquête Trajectoire et Origine (TEO) (2). Selon cette enquête, la proportion de femmes migrantes représentent 60% des personnes venues des pays côtiers et de l’Afrique centrale. Par comparaison, les  femmes  du  bassin du  fleuve Sénégal,  dont  le  nombre a  pourtant augmenté, ne constituent que 44% de l’immigration française. Il y a donc une forte augmentation de femmes maliennes,  sénégalaises  ou mauritaniennes, qui venaient d’abord de  rejoindre leurs époux. 

Ces femmes ont investi les espaces associatifs afin de sortir de leur isolement. Véritable vecteur de citoyenneté et d’apprentissage, les associations ont été les premières à se préoccuper de l’insertion des familles migrantes.

Pour faire face aux questions de citoyenneté, de parentalité, de santé, etc, les femmes migrantes ont dû se structurer en association. Elles se sont petit à petit fédérées autour de projet associatif. Ainsi certains volets de l’insertion des familles africaines en France ont d’abord été pris en charge par les associations de femmes migrantes, puis par les pouvoirs publics. De nombreuses femmes migrantes ont joué un rôle important dans la médiation socioculturelle car elles cernaient mieux les difficultés rencontrées par leurs congénères.

Les liens entre les femmes migrantes et l’environnement social et politique des pays d’accueil sont modifiés pat la dynamique associative. C’est un lieu de ressource, de développement de compétences qui favorise leur promotion sociale. Ces femmes prennent des initiatives, sociales, culturelles, économiques et politiques, qui contribuent à un meilleur accès aux droits et à l’espace public.

Si les associations d’hommes originaires d’Afrique subsaharienne se sont d’abord fédérées autour de caisse villageoise (3), contribuant ainsi au développement de leurs régions d’origines, celles des femmes migrantes se sont souciées de l’intégration des familles subsahariennes. Pour ce faire, elles se sont associées aux femmes du même quartier ou de la même ville française, qui ont des préoccupations similaires.

Véritables mosaïques associatives, ces groupes de femmes qui viennent des quatre coins du monde, font abstraction de la barrière de la langue, et mettent intelligemment leurs idées en commun

(1)  GRDR- Migration, Citoyenneté, Développement, www.grdr.org
(2) Enquête Trajectoires et Origines (TEO) sur la diversité des populations en France réalisée par l’INED et l’INSEE, octobre 2010
(3) la législation ne permettait pas jusqu’en 1981 aux migrants de se constituer en association de type loi 1901

 




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