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Numéro 33 - rive de Belgique - décembre 2017

Wouter SMETS, chercheur au Karel De Grote University College (Antwerpen)

Partage au sein des classes diversifiées

Dans un monde de plus en plus divers, le défi de l’éducation est de plus en plus complexe. Dispenser une éducation qui, d’une part, rend hommage à l’unicité de chaque enfant, et qui, d’autre part, est une formation qui prépare l’enfant à trouver sa place dans le monde en tant qu’adulte, est un des plus grands défis du secteur de l’éducation. Afin d’accomplir cette tâche, les secteurs de l’éducation formelle et de la formation non-formelle ou informelle doivent se découvrir l’un et l’autre. Ce partage des pouvoirs a pour but de mieux parvenir à aider et stimuler le développement et les talents de tous nos enfants.

Partout en Europe les écoles se transforment. L’idée d’une classe homogène où les élèves partagent entre eux non seulement leur âge, mais aussi une culture, des intérêts ou même des talents se révèle de plus en plus une utopie. En réalité, les professionnels de l’éducation sont confrontés à des groupes d’une hétérogénéité qui augmente constamment.  L’experte américaine Carol Tomlinson a pour habitude de se baser sur trois types de différences entre des élèves en classe qui sont pertinentes du point de vue d’un professeur: le niveau d’accomplissement de l’élèves, ses intérêts et son profil d’apprentissage (1). Pour  développer au maximum les talents de ses élèves, un professeur est par conséquent mis au défi de repenser à fond son enseignement. Il faut donc concevoir des parcours éducatifs qui tiennent compte de la diversité en classe et qui offrent des opportunités à chacun d’apprendre selon son niveau, ses intérêts et son profil.

Procurer un tel type d’éducation est un défi énorme pour l’école contemporaine, qui nécessite un développement professionnel des principaux acteurs de cette innovation, c’est-à-dire les professeurs. Depuis que ce type d’enseignement  est de plus en plus plébiscité  dans l’Europe urbaine, de nombreux praticiens ont essayé de réaliser cet idéal, souvent avec des résultats décevants. L’idée d’une formation d’élèves qui soit construite sur leur traits personnels, et donc aussi sur les différences entre ces traits, suppose que les professeurs connaissent bien leurs élèves. Elle exige que les professeurs investissent dans des relations plus intenses avec leurs classes afin de découvrir des traits personnels qui pourraient être pertinents dans le processus d’éducation (2). L’idée d’une évaluation permanente -‘formative assessment’ (3) -qui rend plus transparents les accomplissements de l’élève gagne rapidement du terrain. La tâche de découvrir les intérêts et le profil d’apprentissage de chacun pourrait être encore plus ambitieuse. Souvent, il est jugé infaisable pour un professeur d’avoir une connaissance aussi détaillée de ses élèves. 

Il est par conséquent clair, afin de pouvoir relever ce grand défi de l’éducation, que de nouvelles pistes puissent être développées. Une des idées souvent mentionnée dans l’éducation urbaine, est celle de la coopération entre l’éducation formelle, dans l’école, et des partenaires externes, en dehors de l’école. Pour mieux gérer les problèmes des écoles dans des quartiers urbains sensibles, une coopération de tous les professionnels actifs et engagés est nécessaire. Des assistants sociaux, des psychologues, des fonctionnaires du secteur culturel,… tous peuvent apporter une valeur ajoutée pour aider l’école à jouer son rôle décisif dans la société de demain.

Pour relever le défi d’organiser une éducation formelle qui se construise sur les talents des jeunes, et qui aide à développer leurs talents, une des plus grandes values ajoutées serait d’intensifier les rapports entre la formation formelle à l’école, et ce que les jeunes apprennent hors les murs de l’école. Ceci pourrait aider les professeurs à mieux connaitre leurs élèves, et donc aussi à mieux développer des parcours éducatifs qui s’efforcent de stimuler les intérêts de chacun, ou de tenir compte du profil d’apprentissage de chacun.

Le projet Schola (4) porté par une équipe française (le Collège Blaise Pascal de Massy et l’iriv), en partenariat avec le collège Karel de Grote d’Anvers, et avec trois autres partenaires en Europe (Université de Cracovie, Université de Pérouse et centre de recherche à Ljubljana),  a pour but de faire face plus facilement à ce grand défi de l’éducation. En construisant des liens entre la formation formelle à l’école, et l’apprentissage non-formel ou informel dans des engagements de bénévoles, ce projet  aide à partager des informations entre deux mondes qui sont trop souvent séparés.

 (1) Tomlinson, C. A. (2000). The Differentiated Classroom: Responding to the Needs of all learners. Alexandria: Association for Supervision and Curriculum Development.
(2) Smets, W. (2017). High Quality Differentiated Instruction - A Checklist for Teacher Professional Development on Handling Differences in the General Education Classroom. Universal journal of educational research, 5(11), 2074-2080 (www.hrpub.org/download/20171030/UJER24-19510124.pdf).
(3)  Black, P., & Wiliam, D. (2009). Developing the theory of formative assessment. Educational Assessment Evaluation and Accountability, 21(1), 5-31. doi:10.1007/s11092-008-9068-5
(4)  un projet Erasmus + (2016-2018) - http://www.schola-erasmus.eu

 



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