← Retour

Numéro 9 - rive des Pays-Bas - janvier 2007

Kees Schuur, Fondation européenne - Centre d'évaluation des acquis de l'expérience

Valeur, évaluation et validation des compétences des bénévoles

Notre société est généralement divisée en trois secteurs : le privé, le public et le tiers secteur (ou économie sociale). La Direction générale " Entreprise et industrie " de la Commission européenne définit ainsi, sur son site Internet, ce tiers secteur : " L'importance, pour l'économie européenne et la société, des coopératives, des mutuelles, des associations et des fondations (qui composent l'économie sociale) st de recevoir une plus grande reconnaissance aux niveaux national et européen. Ce ne sont pas seulement des acteurs économiques importants, ils jouent également un rôle clé en stimulant l'engagement de leurs membres et des citoyens européens dans la société. Les entreprises qui travaillent dans l'économie sociale aident à répondre aux besoins d'une Europe en mutation. Elles sont des sources importantes d'entrepreneuriat et d'emplois dans des domaines où l'investissement des entreprises traditionnelles n'est pas toujours viable ".   


En marge du tiers secteur, l'économie informelle apparaît comme un quatrième champ (1). Dans celle-ci, les profits (financiers et autres) et la manière dont ils sont générés ne sont pas fixés par les règles légales et sociales qui encadrent d'ordinaire ce type d'activité (Castells, Portes et alii, 1989).   

L'essentiel du travail formel et informel des bénévoles prend place dans ce contexte. On peut citer comme exemples le voisin qui donne un coup de main, le parent qui joue au football de rue avec un groupe d'enfants, une personne qui déblaie le trottoir en hiver pour prévenir les chutes, une lectrice ou un lecteur qui lit pour une personne âgée, et pourquoi pas les tâches ménagères -s'occuper de ses enfants est un investissement pour eux mais aussi pour la société. La valeur de cette économie est bien plus grande que celle de l'économie sociale, mais elle n'est ni mesurée ni encadrée.   

Le terme d'évaluation est utilisé car il englobe toutes les procédures d'évaluation, de la reconnaissance formelle, reconnue par un diplôme au niveau national, jusqu'à la plus informelle comme dire un simple " merci ". Klaeijsen et Van Dam (2) ainsi que Frietman (3) ont souligné que la plupart des bénévoles (96%) voient leur travail reconnu (approuvé) par le public auquel il s'adresse et apprécient cela. Généralement, reconnaître consiste à remercier (mots ou geste) ou à offrir un cadeau. 75% apprécieraient aussi une autre forme de reconnaissance, comme une formation ou un " coaching ". Presque tous les sondés (91%) trouvent que la reconnaissance informelle est plus importante que la formelle. Pour les bénévoles encore étudiants et/ou demandeurs d'emplois, la reconnaissance de la société (par exemple des équivalences pour des examens, des points en plus, ou des stages) a plus d'intérêt.   

La principale motivation des bénévoles est " ça m'amuse de faire cela ", la seconde " j'aime aider les autres ". Parmi d'autres raisons, on trouve : apporter sa pierre à la société, être en contact avec les autres, se rendre utile, rester actif ou avoir quelque chose à faire, agir par conviction sociale, politique ou religieuse ou pour avoir une bonne opinion de soi. Le point intéressant de ces deux recherches est que la motivation professionnelle intervient peu. Jusqu'à présent au moins, car nous allons décrire le profil du nouveau bénévole.   

Une minorité de bénévoles (13%) obtient une attestation ou un certificat de l'organisation pour justifier de leur expérience, alors que 44% souhaiteraient en avoir. Environ la moitié jugent que cette reconnaissance serait souhaitable sans savoir quelle forme elle revêtirait exactement (diplôme, certificat, attestation…). Dans une autre recherche, Klaeijsen souligne que ce sont surtout les instances nationales qui souhaitent ces formes de reconnaissance officielle alors que les antennes locales et les bénévoles eux-mêmes jugent qu'elles ont moins d'importance.   

La validation des compétences bénévoles permet de reconnaître formellement un apprentissage souvent informel. Dans de nombreux cas, il est demandé des certificats et/ou des diplômes officiels. Mais la plupart des bénévoles ont et recherchent d'autres formes de reconnaissance. Certains bénévoles se demandent même pourquoi ils travailleraient gratuitement alors que d'autres, pour le même travail, sont rémunérés.   

Il semble que le travail bénévole s'éloigne de l'économie informelle pour se fondre dans l'économie privée ou l'entrepreneuriat social. Est-il souhaitable de valider le travail bénévole ? Quelles seront les conséquences sur le bénévolat ? Doit-on plutôt mettre l'accent sur la reconnaissance informelle ? On peut se demander si la Commission européenne ne devrait pas s'intéresser aux acteurs de l'économie sociale en adaptant ses programmes (et ses modes de financement) pour soutenir le développement du bénévolat, qui promeut la cohésion sociale et la citoyenneté.   

Un forum est ouvert sur ces questions au www.vpl4.eu (rubrique " Voluntary work "). Toutes vos réactions seront hautement appréciées !     



(1) L'économie informelle est également associée aux pays en voie de développement, dans une connotation péjorative de " dessous de table ", " marché noir "… 
(2) Klaeijsen A, Dam E van, Erkenning van competenties van vrijwilligers: potentiële gebruikers in kaart gebracht; Een verdiepend onderzoek binnen drie vrijwilligersorganisaties eindrapportage; Kenniscentrum Beroepsonderwijs Arbeidsmarkt, Nijmegen, avril 2004 
(3) Dam E van, Frietman J, Eindrapportage, Wenselijkheid en haalbaarheid van het erkennen van competenties van vrijwilligers. Kenniscentrum Beroepsonderwijs Arbeidsmarkt, Nijmegen, juin 2003      



Si vous souhaitez réagir à cet article : info@iriv.net



devenez contributeur des rives d'iriv

← Retour