← Retour

Numéro 14 - rive du Luxembourg - septembre 2008

Fernando Ribeiro, Co-auteur avec Marco Godinho de Cinq contes traditionnels luxembourgeois et portugais

Pour un bénévolat multiculturel et interculturel

L'histoire luxembourgeoise est riche en multiculturalisme. Sous domination espagnole, française, allemande, autrichienne, hollandaise jusqu'à son indépendance en 1839, le Luxembourg a la plus forte communauté étrangère des pays européens. Ils représentent 43% des résidents (dont 37% pour la communauté portugaise) et un nombre de salariés étrangers (frontaliers inclus) supérieur à celui des autochtones.   


Deux critères sont prépondérants pour réussir son intégration au sein de la société luxembourgeoise : la maîtrise de la langue, premier critère pour 43% des personnes interrogées et l'engagement associatif. Or, ces deux éléments sont les deux faiblesses de la communauté étrangère.   

Tout Luxembourgeois parle au mininum trois langues - le français, l'allemand et le luxembourgeois, la plupart en domine jusqu'à cinq. La communauté étrangère fait exception à cette règle, car elle ne maîtrise en général mal le luxembourgeois.   

En matière de bénévolat, 36% des personnes interrogées déclarent s'investir régulièrement dans une ou plusieurs associations (2). Le taux de participation des étrangers est nettement inférieur à celui des Luxembourgeois notamment au sein de la communauté portugaise. Seuls 13% des Portugais sont engagés dans une association luxembourgeoise.   

Les Portugais au Luxembourg sont majoritairement des immigrés de la première génération. La langue est un premier obstacle à tout engagement dans la vie associative. Le faible niveau de formation est une deuxième explication de cette faible intégration dans l'espace social luxembourgeois de manière générale.   

La communauté étrangère attache une grande importance au bénévolat dans tous les pays. Il existe d'importants réseaux d'entraide entre immigrés et de nombreuses associations créées par les étrangers pour leur propre communauté. C'est le cas au Luxembourg, même s'il n'existe pas d'études quantitatives en la matière. La faible participation bénévole des non Luxembourgeois est donc surtout patente dans les associations nationales.   

Le brassage culturel est une autre dimension méconnue. Quels types d'associations permettent une réelle rencontre entre Luxembourgeois et non-Luxembourgeois ? Un exemple original est donné par les sapeurs-pompiers qui recrutent en priorité auprès de la communauté étrangère et surtout portugaise. Chaque section dispose de personnes bilingues (luxembourgeois/portugais) pour résoudre l'obstacle linguistique. Cette initiative pourrait être suivie dans d'autres domaines pour favoriser la participation associative de la communauté étrangère au niveau national.   

La disponibilité et la volonté d'engagement interculturel s'expriment à la fois chez les autochtones et les étrangers. Le Luxembourg manque pour l'instant d'analyses d'exemples concrets dans le domaine associatif. Une meilleure connaissance de la situation inciterait à un brassage culturel et à un dialogue entre les différentes cultures grâce au bénévolat. Les moyens financiers, professionnels, éducatifs sont encore insuffisants en la matière.   

Le Luxembourg est un pays " multiculturel ". Le défi à relever est de le faire évoluer vers un pays " interculturel " pour mettre à profit cette richesse encore inexploitée. Il reste à définir le modèle d'intégration qui soit le plus adapté. Cela dépend avant tout du projet de société que nous voulons construire pour demain.     



(1)  Livre à paraître. Contes traduits en français, luxembourgeois et portugais.
(2) Blandine LEJEALLE in " La participation à la vie associative au Luxembourg en 2001 ", CEPS/INSTEAD, Série Population et Emploi N°1, septembre 2003 et " Le bénévolat au Luxembourg - une analyse sociologique ", Commission Justice et Paix, Luxembourg 2001



devenez contributeur des rives d'iriv

← Retour