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Numéro 18 - rive spirituelle - janvier 2010

Abbé Régis de Saint-Rémy, prêtre

Eloge de la musique

Le bénévole est un compositeur qui travaille en musique et qui, à l'image du musicien, est un arrangeur d'équilibre et d'harmonie. Les philosophes divisent les actions en personnes, en lieux et en choses. Les personnes sont à la fois les bénéficiaires et les collaborateurs, les lieux changent selon les circonstances et les choses sont les événements qui créent le besoin. Mais ce qui réunit notre compositeur de musique ou notre bénévole c'est l'objectif visé. Pour l'un, c'est une symphonie ; pour l'autre, c'est le service rendu à autrui. On peut y ajouter un idéal spirituel, appelé caritatif car il vient du cœur.  

Sans ce but final, nos efforts sont inutiles, voire nuisibles. C'est un art difficile de trouver le parfait équilibre qui optimisera l'harmonie. Or l'équilibre, si l'on en croit Pythagore, n'est qu'une suite de mouvements. Un bénévole cherche à faire le bon mouvement au bon moment, pari difficile avec les différents caractères, les habitudes et les préférences des uns et des autres. Il faut ensuite parvenir à l'harmonie, autre gageure. Elle correspond à l'acoustique chez le musicien, à la bienfaisance pour le bénévolat.  

Il ne faut pas ignorer la difficulté des bonnes volontés. Aider son prochain est un mérite d'autant plus grand. Nous pouvons aisément comprendre avec Platon que toute perception de son, dans la musique, remonte au cerveau par le sang puis à l'âme. Ainsi en est-il des gestes du bénévole. Pour sa part, Aristote a le mérite de décomposer chacune de nos actions pour vérifier son bien-fondé, sa rectitude et son opportunité. Fils de médecin, Aristote étudie toute chose avant l'action : c'est la Physique, et plus précisément la Physique de la Nature. Elle conduit naturellement vers une Métaphysique.  

Il s'ensuit une ligne d'action. D'abord l'Ethique, ensemble de principe hautement spirituels souvent transformée en ennuyeuse morale sans but métaphysique. Puis vient la Politique, non pas celle des politiciens mais celles des principes supérieurs qui devraient conduire la vie de toute Cité. Partout sont présents la Logique, moyen de raisonnement sans défaut, appelé Art des Arts par le Philosophe, et le Langage, expression de la pensée humaine, qu'une certaine rhétorique rend inutile quand le but n'est pas réalisé.  

Toute discordance peut occasionner le trouble. Il faut donc prendre garde aux fausses notes qui pourraient porter atteinte à l'équilibre et à l'harmonie de la symphonie. Mais quand tous les éléments sont arrangés et accomplis avec maestro, on obtient une musique pure, celle qui élève l'âme, nous pousse à rêver à un monde meilleur, plein de joie, d'espérance et de justice.  



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