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Numéro 22 - rive Erasmus - juin 2012

Alice Traish, Bachelor of Arts, Université de Manchester, Etudiante en littérature française à l'Université de Paris IV La Sorbonne (échange Erasmus 2011-2012)

Chacun cherche son reflet, l'expérience Erasmus

Rudolf Steiner disait qu'on avait une vie saine quand la communauté trouve son reflet dans le miroir de chaque esprit individuel (1). Cette citation exprime bien ce que représente Erasmus, programme européen qui favorise les actions de mobilité en Europe pour les étudiants, le personnel enseignant et celui des d'enseignement supérieur ( pour des périodes de formation) (2).  

Cette année, j'ai vécu neuf mois à Paris, expérience qui m'a appris bien plus qu'une langue. J'ai approfondi mon français et me suis adaptée à une culture et à un environnement très nouveaux. Afin de trouver mon bonheur et de parvenir à ce que Steiner appelle une vie saine, j'ai dû rechercher, dans une ville complètement étrangère, les " reflets d'un autre moi-même".  

L'expérience Erasmus a tout d'abord été une quête de repères. J'étais persuadée que des amis anglophones me permettraient de trouver des " reflets familiers ". Grâce à des personnes qui vivaient la même chose que moi, j'espérais trouver mes marques. Cependant, on ne se définit pas uniquement par sa nationalité. Ces amitiés anglaises m'ont apporté du réconfort, mais je sentais que je ne m'intégrais pas dans la culture française. Je limitais donc mon expérience Erasmus à celle d'une simple touriste anglaise qui visite Paris, profite des musées, de la gastronomie, des petits cafés et des grands magasins. J'en voulais davantage et me transformer en touriste à plus long terme.  

Pour moi, le reflet est un dialogue entre deux éléments qui se complètent grâce à leurs expériences. Je ne trouvais aucun enrichissement profond dans la culture parisienne, car je n'y trouvais pas d'écho, aucun reflet. Paris m'apprenait beaucoup sur les arts, sur l'histoire, sur la musique mais je n'offrais rien à cette ville en retour. C'était une histoire à sens unique.

C'est alors que j'ai débuté à l'iriv. L'expérience bénévole m'a permis de comprendre ce que Steiner décrit : pour faire partie de la communauté qui m'entourait, il fallait que je trouve une façon individuelle d'y contribuer. En tant qu'étudiante Erasmus, je faisais bien partie d'un réseau d'étrangers qui allaient contribuer d'une manière personnelle à enrichir leur reflet. Erasmus est fondé sur l'échange. Si le parcours est individuel, chaque individu apprend à surmonter les obstacles culturels pour donner une partie de soi à l'étranger. Cette expérience irivienne m'a permis de mieux saisir les reflets que je pouvais avoir construit sans le savoir.

En Angleterre, l'approche du bénévolat est beaucoup plus pragmatique, on s'investit physiquement. Grâce à l'institut, j'ai découvert une approche théorique que je ne connaissais pas. Le "reflet anglais " m'a permis de combiner le pratique et le théorique. J'ai traduit les rives de l'iriv, et ai découvert de l'intérieur l'approche conceptuelle qui m'était étrangère et d'en saisir le sens.  

L'expérience Erasmus m'est alors apparue comme une série de traductions : linguistiques, personnelles ou culturelles. Pas un simple exercice de traduction, mais une véritable adaptation. Tout mon être était impliqué. J'ai ainsi découvert qu'il existe des " anglicismes " tout aussi bien dans ma façon d'être que dans ma façon de parler. Ces automatismes culturels se dissipent peu à peu, grâce aux conseils, aux enseignements que l'on me prodigue au jour le jour. En apprenant des autres, un étudiant Erasmus apprend sur lui-même et trouve ainsi les moyens, par l'échange et le partage, de laisser derrière lui un " reflet bien plus lumineux ". 

  1. Rudolf Steiner, Understanding the Human Being, source http://wn.rsarchive.org/Articles/FuSoLa_index.html
  2. Erasmus facilite également la coopération entre établissements d'enseignement supérieur par l'élaboration de programmes intensifs, de réseaux et de projets multilatéraux. En France, aujourd'hui, la totalité des universités françaises participent à Erasmus ainsi que la plupart des établissements d'enseignement supérieur non universitaires. Ce programme tire son nom du grand humaniste hollandais Desiderius Erasmus (1469-1536). Pour en savoir plus : http://www.europe-education-formation.fr/erasmus.php



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