la revue électronique de l'Institut de Recherche et d'Information sur le Volontariat (iriv) - www.iriv.net
« La meilleure des universités est une collection de livres.»
Thomas Carlyle (Eaglais Fheichein, Ecosse, 1795 – Londres, 1881).
L'institut de recherche et d'information sur le volontariat - iriv (www.iriv.net)
est un Institut privé qui travaille sur le bénévolat et le volontariat & l’éducation et la formation tout
au long de la vie. Créée en 2004 par Bénédicte Halba et Eve-Marie Halba, présidente et
secrétaire générale de l'iriv, la revue propose une réflexion sur des thèmes aussi variés que l'expérience, la promesse,
la différence, ou les confins... avec des témoignages venus de France, d'Europe et du reste du Monde.
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« The greatest university of all is a collection of books.»
Thomas Carlyle (Eaglais Fheichein, Scotland, 1795 – London, 1881).
The institute for research and information on volunteering (www.iriv.net)
is a private institute specializing in the non-for-profit sector in Lifelong Learning (LLL). It has directed,
coordinated, and been involved in many European and national projects. Its electronic review, les rives de l'iriv - www.benevolat.net -
was created in 2004 by Bénédicte Halba and Eve-Marie Halba, president and general secretary of the Institute.
The review has published articles on topics as various as experience, promise, difference or borders with contributions from France,
Europe and worldwide.
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Marco Sebastian Funk, Chargé de mission à l'iriv, Master Affaires européennes, Sciences-Po Paris
rive européenne – décembre 2012
Marco Sebastian Funk, Master 2 à Sciences-Po Paris, Affaires européennes, chargé de mission à l’iriv (projet Migrapass)
Migration, diversité américaine et mosaïque européenne
L’intégration des migrants est un sujet complexe. Comment s’assurer qu’ils seront des membres actifs de la société, acceptés par les membres de la communauté qui les accueille ? Qu’appelle-t-on un migrant bien intégré? Parmi les modèles d’intégration, qui exigent plus ou moins d’assimilation, la réalité est fragmentée et difficile à généraliser, car elle est contradictoire. Les termes « mosaïque » et « melting pot » sont fréquemment associés au débat sur la stratégie d’intégration des migrants. Le premier symbolise une société multiculturelle, plutôt tolérante vis-à-vis d’ethnies différentes. Le second évoque une société plus unifiée assimilée. La « formule magique » sur le continuum de l’intégration est vivement contestée.
La majeure partie du débat européen sur l’intégration est purement rhétorique et politisée à dessein, sans références pragmatiques. Pour échapper à ce piège, il faut s’appuyer sur des exemples éprouvés, pourquoi pas celui des Etats-Unis, un pays fondé sur l’immigration ? Malgré des pratiques déplorables dans son histoire, comme la ségrégation raciale et l’internement d’Américains d’origine japonaise pendant la Seconde guerre mondiale, la majorité des migrants qui sont arrivés aux Etats-Unis ont étés intégrés avec succès. Selon Peter Salins (1), l’Amérique a été capable d’accueillir des millions de migrants venus de tout pays grâce à une formule simple. Si un migrant est prêt à travailler dur, à adhérer aux valeurs démocratiques américaines et à apprendre l’anglais, on lui donne l’opportunité de devenir ce quelqu’un - quelle que soit son origine ethnique. Comme l’assimilation concerne seulement des valeurs spécifiques (travail, démocratie) et une langue commune (anglais), les immigrants peuvent à la fois s’intégrer dans la société et conserver leurs identités ethniques.
Le modèle américain semble avoir été efficace mais peut-il être appliqué en Europe ? La majorité des migrants arrivant en Europe est aussi prête à travailler dur, à accepter les valeurs démocratiques européennes et à apprendre la langue des pays d’accueil. Pourtant, contrairement aux Etats-Unis, les possibilités de s’intégrer semblent liées à l’origine ethnique. Les sociétés américaine et européenne perçoivent différemment l’identité nationale. Aux Etats-Unis, elle est définie comme une adhésion aux valeurs américaines de démocratie, de libre entreprise, de gouvernement central limité et de respect de la Révolution Américaine. En revanche, les identités nationales en Europe sont généralement définies par des caractéristiques nationales communes de culture, de tradition, d’histoire, de religion et de langue. Les éléments de l’identité nationale américaine n’étant pas « ethniquement » fondés, ils peuvent être adoptés par les migrants comme une seconde identité complémentaire de la leur. C’est pourquoi l’intégration des migrants est plus facile aux Etats-Unis qu’en Europe.
L’intégration des migrants en Europe est différente et n’a pas les mêmes objectifs. L’Europe n’est pas un « melting pot » comme l’Amérique. Elle a besoin d’une approche plus multiculturelle ou « mosaïque » pour intégrer ses migrants. Les communautés d’immigrants des pays européens restent longtemps étrangères, mais le temps d’adaptation n’est pas forcément un problème. L’image négative des migrants l’est en revanche. Des efforts doivent être faits pour changer l’opinion publique sur ce sujet. Priorité européenne, et sujet sensible de politique nationale, l’Union européenne (UE) peut jouer un rôle central sur ces deux fronts.
Une première approche, « top down », peut prendre la forme d’une campagne d’information publique. L’UE pourrait lancer une campagne d’information publique qui expliquerait les avantages de l’immigration en période de déclin démographique. Les migrants n’ont-ils pas permis de reconstruire l’Europe, après la deuxième guerre mondiale ?
Une autre stratégie, « bottom up », peut cibler le public des migrants. L’UE soutient ainsi des initiatives qui visent à améliorer leur insertion professionnelle et sociale. Le projet Migrapass (2) est un exemple d’une telle initiative. Un portfolio et un accompagnement permettent d’identifier leurs compétences. Un tuteur les aide à leur donner confiance en eux et à positiver leur image. Cela facilite le respect mutuel entre migrants et nationaux sur le marché du travail.
L’Union européenne est une mosaïque de peuples, elle compte vingt-sept nationalités communautaires et beaucoup plus de nationalités étrangères. Il est temps que les citoyens européens acceptent cette réalité, et que les migrants puissent montrer qu’ils sont aussi des membres actifs de la communauté européenne.
(1) Peter Salins, Assimilation, American Style, Basic Books, 1997.
(2) Pour plus d’informations : www.migrapass.eu