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Numéro 41 - rive psychologique - décembre 2021

David Loarec, Psychologue, facilitateur en codéveloppement professionnel.

Solidarité, j'écris ton nom

 C'est unis que nous sommes entrés dans l'épreuve,
Sacrifiant des mois durant
Notre liberté d'aller et venir,
Honorant la générosité de tant de soignants épuisés (1)

 Il y a dans l’homme une connexion intime avec tous ceux qui de près ou de loin croisent son visage. Quand celui-ci ou celle-là tombe, quelque chose se casse à l’intérieur : notre vie est comme entachée d’une ombre qui ne passe pas. 

Cette situation, je l’ai vécue personnellement au début de l’été, alors que j’animais un tour de parole avec des doctorants de l’université, certains d’entre eux ayant connu des difficultés graves dues au coronavirus. Au-delà des symptômes, c’est le manque de soutien familial et social qui a retenu mon attention et m’a touché au cœur.

Nous le pressentons tous, tout ne reviendra pas comme avant, quand beaucoup de choses était possible dans une certaine insouciance. Aujourd’hui, le réchauffement implique des évènements extrêmes qui vont contrecarrer nos agendas de voyage, nous obliger à nous nourrir différemment etc.

La pandémie, cet épisode collatéral de la crise climatique, a aussi apporté son lot de restrictions, surtout pour ceux qui avaient « l’âge de la liberté », « l’âge des possibles » : ces étudiants dont le projet était de partir à l’étranger ne pourront pas partir, des familles restent séparées, au nom d’un risque que nous devons prendre au sérieux …d’autant qu’il s’est déjà en partie réalisé.

Ainsi, au niveau planétaire ce risque est devenu une catastrophe déjà à l’œuvre, tant qu’un seul pays n’aura pas eu accès au vaccin, les autres ne seront pas tranquilles.

Alors, ces restrictions, comment les penser ? Au lieu de voir ce que cela nous enlève de possible, c’est une invitation à vivre concrètement une autre forme de solidarité. Et si cela pouvait donner du sens à une nouvelle forme de solidarité, au soin, un nouveau rapport à la vulnérabilité. Moi sans toi qui suis-je ?

Car il est dans l’homme un appel personnel intérieur à aimer son prochain comme soi-même.

Alors, pour l’homme riche, le partage des biens et du temps en faveur des plus démunis n’est pas une option.

Ainsi, c’est de notre capacité à vivre une joie simple, un émerveillement dépouillé, une capacité à s’indigner aussi, dont dépend la possibilité de retrouver le chemin de la solidarité, le sens des mots. 

Sommes-nous encore capables
De cette libre sagesse,
De ce mince filet d'eau d'une vie risquée, dangereuse
Et pourtant protectrice de soi et des autres,
De cette vulnérabilité attentive,
De cette solidarité avec tous,
De cet amour, affranchi de la loi,
De cette source pure du souvenir ?


(1) Jean Lavoué, 21 juillet 2021 (enfancedesarbres.com)



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