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Numéro 1 - rive de l'invité - septembre 2004

Abbé Régis de Saint-Rémy, prêtre

Bénévolat et charité

Bénévolat et charité ont plusieurs caractéristiques communes : gratuité de l'acte volontaire, service du prochain ou de la communauté, absence de discrimination. Alors pourquoi les distinguer, tous deux relevant, comme nous l'avons dit, de " choix volontaire prenant appui sur des motivations personnelles ". La différence des mots apparaît secondaire, on peut pourtant trouver un intérêt à employer le mot charité, au moins dans certains cas. Car, loin de s'opposer au bénévolat, la charité le complète dans son activité au service des autres. Cet intérêt porte sur plusieurs points.  

Tout d'abord sur celui qui pratique l'acte volontaire. Il est invité à se dépasser soi-même. Comme disait l'apôtre Saint Paul : " la charité excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout ". Chaque mot a son poids. L'acte volontaire demande parfois un service et une abnégation tels que le mot charité devient consolateur et vivifiant. On prend en compte le prochain, et non un désir philanthropique. Les idées sont ainsi précisées. Et le bénéficiaire de la charité, à son tour, ne prendra-t-il pas du service dans une organisation bénévole, lorsqu'il aura compris cet état d'esprit ? L'exemple n'est pas spectaculaire.  

Pour illustrer ce dépassement de soi-même, regardons l'histoire : Saint Vincent de Paul n'hésitait pas à remplacer les galériens défaillants lorsqu'il était aumônier des galères ? Même héroïsme dans l'Ordre des Trinitaires chargés du rachat des captifs chrétiens sur les galères turques, dont ils prenaient la place…Enfin prenons l'exemple de Mère Térésa, que nous pourrions appeler de pure charité. Les mouroirs de Calcutta, dans un pays où la mortalité reste très élevée, reçoivent des personnes qui mourraient dans la rue. Deux sœurs -les Missionnaires de la Charité- sont préposées à les assister dans leurs derniers moments. On devine les questions que peuvent poser les malades sur la souffrance, la mort - qui est la pire des souffrances- et l'au-delà. S'il n'est pas facile d'y répondre, il est encore moins facile d'admettre que cela peut être le plus important. Suffisamment pour que Mère Térésa ait ressenti des oppositions jusque dans son Ordre ! Il faut alors que les motivations personnelles soient de réelles convictions…  

Que dire en conclusion ? Que l'essentiel n'est pas dans les mots, qu'il reste dans les actes. Que si le mot de charité a la prétention d'augmenter la qualité du bénévolat, c'est qu'il désire apporter sa contribution à la réponse du pourquoi et de la destinée du genre humain. Mais cette question intéresse-t-elle chaque acte du bénévolat ?



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