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Numéro 3 - rive éditoriale - mars 2005

dr Bénédicte Halba, présidente fondatrice de l'iriv, co-fondatrice des rives de l'iriv

Un label pour le bénévolat

La reconnaissance du bénévolat est au cœur des préoccupations du monde associatif comme des pouvoirs publics. De nombreuses actions ont été menées dans ce sens depuis de nombreuses années, à l'initiative des associations mais aussi des différents gouvernements. La création d'un Conseil national de la vie associative (CNVA) en 1983 en est le meilleur témoignage. Il s'est doté d'un Fonds (FNDVA), compte d'affectation spéciale du Trésor, qui permet de financer la formation des bénévoles mais aussi des études et des expérimentations menées au sein du monde associatif sur des thèmes dont le bénévolat et les bénévoles sont le sujet de prédilection (1).  

Le bénévolat est une démarche individuelle qui s'inscrit dans un projet collectif. Pour reconnaître, valoriser une expérience bénévole, la difficulté consiste à partir des missions remplies, des compétences développées par des individus (les bénévoles, personnes physiques) et à l'intégrer dans un projet associatif, porté par l'association (personne morale). Plusieurs questions se posent alors. Pourquoi valoriser ? Quels sont l'intérêt et la légitimité d'une telle démarche ? Ne faut-il pas aller plus loin et envisager une véritable validation des acquis de l'expérience bénévole ?  

Pourquoi valoriser une expérience bénévole? Si l'on considère, dans une acception étroite, que le bénévolat est une activité libre, désintéressée, altruiste dont le seul objet est de se rendre utile à son prochain, sans aucune contrepartie, la question de la valorisation semble incongrue. La plupart des 13 millions de Français de plus de 15 ans (2) qui donnent régulièrement leur temps au sein d'une association ne seront pas prêts à s'engager dans une telle démarche. Mais qui peut dire qu'il n'aura jamais envie, ou besoin, au cours de sa vie privée ou professionnelle, d'une telle valorisation ?  

Du point de vue du bénévole, plusieurs raisons peuvent être avancées. La première est l'envie de faire un bilan de son parcours associatif, à l'occasion d'un changement de fonction au sein de son association (la fin d'un mandat par exemple), d'un départ ou au contraire d'une arrivée dans une nouvelle structure. Une deuxième raison est la volonté de s'engager dans une démarche de validation des acquis de l'expérience (VAE) prévue par loi de modernisation sociale de janvier 2002 (3) pour accéder à un diplôme ou postuler à une formation. La troisième raison est de pouvoir se prévaloir de cette expérience, au même titre qu'une activité professionnelle, pour postuler à un emploi. (4).  

Pour les associations, quel est l'intérêt d'accompagner les bénévoles dans une telle entreprise ? Deux arguments peuvent les en dissuader. Le premier est qu'elles ne disposent souvent pas des personnes capable d'accompagner les bénévoles dans une telle démarche. Le second, plus prosaïque, est le risque élevé que ce temps bénéficie à des bénévoles qui quitteront la structure et utiliseront ailleurs leurs compétences. Le principal intérêt pour les associations est de disposer d'un outil de gestion des ressources humaines qui leur permettra d'identifier des postes (les missions remplies par leurs bénévoles), d'apprécier les compétences développées et ainsi de valoriser leurs effectifs bénévoles mais aussi de pouvoir proposer des fiches de poste pour de nouvelles recrues.  

La valorisation est-elle suffisante ? Si l'on retient l'hypothèse d'un retour sur le marché du travail, l'enjeu est de proposer un outil et une méthode qui soient accessibles et utiles pour les bénévoles et les associations, mais aussi légitimes vis-à-vis des pouvoirs publics et des responsables des ressources humaines. La valorisation, qui se situe en amont, ne sera sans doute pas suffisante. Il faut envisager une réelle validation qui pourra par exemple prendre la forme d'une labellisation du dispositif, avec une procédure définie et des " personnes ressources " (des experts) clairement identifiées, dans l'esprit d'une démarche qualité. C'est l'option proposée dans le cadre du projet européen " VAEB pour un projet professionnel ".  

Auprès des pouvoirs publics, la valorisation des compétences bénévoles a été une préoccupation constante : publication d'un guide du bénévole en 2000 (5), action " Envie d'agir " pour les jeunes qui propose un livret de l'engagement en 2004 (6), deux groupes de travail sur la VAE dans le bénévolat en 2003-2004 (7). Le Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative a pris l'initiative d'organiser en juin 2005 une Conférence de la vie associative. Plusieurs groupes de travail ont été constitués dont l'un est dédié à la reconnaissance du bénévolat (8).  

Une des propositions de ce groupe de travail ne pourrait-elle pas être de reconnaître et prendre en charge une validation officielle des acquis de l'expérience bénévole qui associerait VAE et VAEB ? Pourquoi ne pas envisager un label pour le bénévolat ?  

 

(1) circulaires ministérielles publiées chaque année par le Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative 
(2) Eude de l'INSEE, Economie et statistique, Paris, février 2005. 
(3) rive de la présidente, rives de l'Iriv , septembre 2004, www.benevolat.net 
(4) ces trois raisons ont été retenues dans le cadre du projet réalisé par l'Iriv pour la Direction régionale de la Jeunesse et des Sports de Bretagne et porté par les quatre délégations à la vie associative bretonnes ; la troisième raison, un retour à l'emploi, est le cadre du projet européen initié et dirigé par l'Iriv " VAEB pour un projet professionnel ", projet-pilote Leonardo da Vinci, www.eEuropeassociations.net. 
(5) initié par le Ministère de la Jeunesse et des Sports 
(6) initié par le Ministère de la Jeunesse, de l'Education nationale et de la Recherche 
(7) supervisés par la Délégation à la Formation et l'Emploi du Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative ; rive de l'Invité, Bernard Lietard, , rives de l'Iriv, de Décembre 2004, www.benevolat.net 
 (8) groupe de travail dirigé par Madame Claude Greff, députée d'Indre et Loire, dont Chantal Ganne, présidente du CICOS, est rapporteuse. 



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