la revue électronique de l'Institut de Recherche et d'Information sur le Volontariat (iriv) - www.iriv.net
« La meilleure des universités est une collection de livres.»
Thomas Carlyle (Eaglais Fheichein, Ecosse, 1795 – Londres, 1881).
L'institut de recherche et d'information sur le volontariat - iriv (www.iriv.net)
est un Institut privé qui travaille sur le bénévolat et le volontariat & l’éducation et la formation tout
au long de la vie. Créée en 2004 par Bénédicte Halba et Eve-Marie Halba, présidente et
secrétaire générale de l'iriv, la revue propose une réflexion sur des thèmes aussi variés que l'expérience, la promesse,
la différence, ou les confins... avec des témoignages venus de France, d'Europe et du reste du Monde.
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« The greatest university of all is a collection of books.»
Thomas Carlyle (Eaglais Fheichein, Scotland, 1795 – London, 1881).
The institute for research and information on volunteering (www.iriv.net)
is a private institute specializing in the non-for-profit sector in Lifelong Learning (LLL). It has directed,
coordinated, and been involved in many European and national projects. Its electronic review, les rives de l'iriv - www.benevolat.net -
was created in 2004 by Bénédicte Halba and Eve-Marie Halba, president and general secretary of the Institute.
The review has published articles on topics as various as experience, promise, difference or borders with contributions from France,
Europe and worldwide.
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dr Giovanna Campani, professeure d'Antrhopologie à l'Université de Florence (Italie)
Au fil des millénaires, dans un monde dominé par le patriarcat, les femmes ont du faire preuve d’audace, pour s’opposer au destin qui leur était imposé et devenir protagonistes de leur propres vies- pour créer, inventer, ou, tout simplement, pour être libres…Des femmes rebelles et audacieuses ont marqué l’histoire de l’antiquité: Sapho, Hortensia, Ipazia; du Moyen Age, Hildegarde de Bingen, Jeanne d’Arc, inspirées par des voix mystérieuses qui les conduisirent à s’engager dans des domaines réservés aux hommes, comme la science théologique ou la guerre; de la Renaissance: Christine de Pisan et Artemisia Gentileschi. Destins individuels singuliers, éloignés de ceux des autres femmes, contraintes à une condition de mineures, soumises à l’autorité de leurs pères et de leurs maris.
Au commencement de la modernité, les temps changent. L’audace culturelle de quelques femmes singulières ouvre la voie à une expérience collective, bientôt à un mouvement et une nouvelle forme de pensée, au service de l’émancipation humaine. On ne change pas le monde toute seule, on a besoin des autres. Quelques femmes d’une extraordinaire audace culturelle ouvrent des chemins qui seront bientôt parcourus par d’autres femmes et la route devient plus claire. « Il n’y a pas de chemin : le chemin se fait en marchant ». (1)
En hommage à Aphra Behn, romancière, poétesse et auteure dramatique du XVIIème siècle, aventurière à la sulfureuse réputation (2) ,Virginia Woolf, immense écrivaine féministe, écrivait « Toutes les femmes devraient fleurir la tombe d'Aphra Behn, car c'est elle, la première, qui œuvra pour qu'elles puissent s'exprimer ». (3)
Pour s’exprimer, il faut être éduqué. Mary Wollenstonecraft, un siècle après la mort d’Aphra Behn, qui dirigea une école pour filles, l’écrit clairement dans son livre « A Vindication of the Rights of Women » (4) qui est une des fondations de la pensée féministe : « J'espère que mon propre sexe m'excusera si je les traite comme des créatures rationnelles au lieu de flatter leurs grâces fascinantes et de les voir comme si elles étaient dans un état d'enfance perpétuelle, incapables de rester seules debout. " (5).
Sous la France de la Révolution que Mary Wollenstonecraft parcourut en tant que journaliste, une autre femme d’une grande audace intellectuelle, Olympe de Gouges, farouche opposante à l’esclavage des noirs, rêva d’un monde où liberté, fraternité, égalité n’étaient pas des mots vides de sens. Face aux nombreuses discriminations, elle réclama pour les femmes les mêmes droits de citoyens octroyés aux hommes. Elle fut guillotinée sous la Terreur. Mary Wollenstonecraft mourut comme tant de femmes de son époque, en couches. Sa petite fille, aussi prénommée Mary, hérita de son audace culturelle. A dix-neuf ans, Mary Goodwin, épouse du poète Percy Bassey Shelley, écrivit l’histoire du docteur Frankesteien et de la créature qu’il fabriqua avec des morceaux de corps humains.
Les revendications de Mary Wollenstonecraft et Olympe de Gouges furent reprises par d’autres femmes capables d’audace culturelle: réunies à Seneca Falls en Juillet 1848. Les premières féministes américaines proclamèrent que les hommes et les femmes sont créés égaux au cours de la “Women’ s Right Convention: a convention to discuss the social, Civic and religions condition and right of Woman.” (6) Grâce au mouvement féministe, les portes des Universités et de la recherche s’ouvrirent aux femmes américaines: leur contribution au développent de l’anthropologie fut immense. On peut citer: Alice Fletcher, Matilda Scott Stevenson, Elsie Clews Parsons et, plus tard, Margaret Mead, qui sépara le sexe, masculin ou féminin, du tempérament, en ouvrant la voie au concept de genre…
Au siècle de la révolution industrielle, l’essor du capitalisme et l’apparition du socialisme, avec leur audace culturelle, les féministes anglaises ouvrirent une nouvelle vision de la participation politique, grâce à l’idée du suffrage universel.
Aujourd’hui, l’égalité entre hommes et femmes est un principe inscrit dans les objectifs des Nations Unies. Malgré les nombreuses difficultés qui existent encore dans plusieurs parties du monde, les femmes ont conquis une parité essentielle dans tous les aspects de la vie sociale et politique. La violence contre les femmes est dénoncée partout- le mouvement « Me-too » remplit les pages des journaux…L’audace culturelle de toutes ces femmes qui ont décidé de rompre avec les modèles de comportement, les rôles et les préjugés qui ont justifié la domination masculine et la subordination des femmes.
(1) «Caminante, no hay camino, el camino se hace al andar », poème “Marcheur” d’Antonio Machado ( poète espagnol né le 26 juillet 1875 à Séville et mort le 22 février 1939 à Collioure)
(2) elle aurait été une espionne- https://gallica.bnf.fr/blog/09012019/aphra-behn-espionne-et-femme-de-lettres
(3) « All women together ought to let flowers call upon the womb of Aphra Behn, for it was she who earned them the right to speak their minds”
(4) défense des droits de la femme
(5) “My own sex, I hope, will excuse me, if I treat them like rational creatures, instead of flattering their fascinating graces and viewing them as if they were in a state of perpetual childhood, unable to stand alone.”
(6) La convention des droits des femmes : une convention pour débattre de la condition et des droits sociaux, civiques et religieuse de la femme